Bonsoir et bienvenue sur RVR dans ce nouvel épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui on se pose une dernière fois la question : « pourquoi écouter de la musique de dessin animé japonais ? » en quatre épisodes, quatre épisodes pour quatre singularités, autant de bonnes raisons d’écouter ce genre de musique sans modération réelle…
Quatrième réponse, parce que les compositeurs japonais aiment et s’approprient volontiers tout type de genre et style musical pour écrire leurs bandes sons et par là, contribuent à enrichir notre culture en nous faisant emprunter des passerelles qu’on aurait parfois jamais osé prendre, alors que nous y étions tout à fait apte…
De la musique temporaire… c’est par cette appellation que le réalisateur Jean Jacques Annaud qualifie un morceau de musique souvent classique posé par ses soins sur une scène de flim en attendant que le compositeur crée la musique spécifique, celui-ci étant ainsi guidé dans les grandes lignes sur l’intention à donner grâce à l’utilisation opportune du dit morceau temporaire, l’exemple le plus évident me revenant en mémoire sur cette façon de travailler étant, si je ne me trompe pas, la scène du Star Wars de 1977 avec les 2 droides 6po et R2d2 perdus dans le désert sur un extrait du Sacre du Printemps d’Igor Stravinski, en attendant que John Williams crée la bande originale, qui sera donc largement inspirée du sacre.
Cette façon de faire, partagée par les meilleurs réalisateurs, a largement fait le tour de la planète , dont le Japon, et notamment ses réalisateurs de dessins animés, vous en avez eu déjà quelques démonstrations dans certaines chroniques de CNIQN, comme ici, lorsque cet éclat sonore du dernier mouvement de la première symphonie de Gustave Mahler qu’on écoutait juste avant mute sous la plume de Goro Ohmi pour devenir ce thème glorieux de Locke ze Zuperman, encore lui, dans le film de 1984 consacré aux aventures du zuper héros.
Parce qu’à l’image d’un nombre impressionnant de disciplines, depuis que le Japon s’est ouvert au Monde en 1854, les allers retours culturels entre l’archipel et le reste de la planète sont à l’origine de moult compagnonnages réussis, accidents heureux, malentendus peu dommageables, mélanges audacieux, dont cette chronique s’espère un reflet certain, à l’écoute par exemple, de l’incroyable Yoko Kanno, toujours, et de cet emprunt aussi savoureux qu’inattendu à une forme gracieuse d’impressions allant du Liban à l’Egypte , pour l’incontournable bande originale de Cowboy Bebop…
Mais, pour rester dans une certaine forme d’évidence autant que de facilité ou de caricature, concernant le gros de la musique de dessin animé japonais, c’est la musique classique, et la formation orchestrale qui restent respectivement le terreau et l’outil principal du compositeur de bande originale au pays du soleil levant…
et parmi les illustres noms de la composition à travers les âges, celui qui plus que tout autre ne cesse de provoquer stupeur, adoration et illumination par l’entremise de son travail inouï, Johan Sebastien Bach, occupe une place de choix quant aux compositeurs les plus cités dans le monde de l’animé japonais en général, notamment avec son cataclysmique tube parmi les tubes, la toccata et fugue en ré mineur BWV 565.
Passée dans des formes plus ou moins conservées dans un nombre conséquent de médias nippons, on va écouter deux versions de la Toccata, l’une très fidèle à l’originale, aussi courte qu’importante puisqu’elle fut une des premières passerelles entre pop culture animée et musique classique pour de nombreux enfants de la fin du vingtième siècle, je veux bien sûr parler du générique de la série animée française Il Était une Fois L’Homme, de Albert Barillé avec soit Michel Legrand, soit Yasuo Sugiyama pour l’adaptation de la Toccata en ledit générique.
Puis nous partirons sur quelque chose de beaucoup plus cavalier et exotique, comme on en fait rarement ailleurs qu’au japon, où la Toccata apparaîtra sous une forme autrement plus digérée : l’étonnante et je l’avoue tout à fait à mon goût, Other World, de Appo Sound Project, un groupe qui réuni les sommités Kohei Tanaka, Jun Araki et Tetsuya Iwashita pour la série animée de 1989, Hi-Speed Jecy.
La toccata et fugue en ré mineur bwv 565 de Jean Sebastien Bach, tout d’abord par l’entremise de Michel Legrand ou Yasuo Sugiyama, pour la série animée Il Était une Fois l’Homme, d’Albert Barillé, puis, dans Other World, sous une forme très transformée par le groupe Appo Sound Project pour le dessin animé de 1989 Hi-Speed Jecy.
Voilà pour cette quatrième chronique qui tentait de répondre à pourquoi écouter de la musique de dessin animé japonais mais pas que. Il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores, ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes
La série de chroniques autour des « pourquoi » est terminée, mais pas les bêtises disséminées par les larrons incontrôlables qui se sont chargés du doublage de la série Ken le Survivant, et pour clore le chapitre « pourquoi » de belle manière, on va retourner à ce duel fratricide qu’on avait déjà écouté, mais cette fois dans une version de qualité tiptop, à la hauteur des enjeux évoqués…