Bonsoir et bienvenue dans cet épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui, deuxième des huit chroniques pour les sept épisodes constituant une série d’exception : Giant Robo.
Et donc pourquoi 8 chroniques s’il n’y a que 7 épisodes ? Et qu’est il arrivé au générique de CNIQN ? On dirait le même mais c’est pas le même ?
À ces deux questions la même réponse : il fallait bien un épisode spécial pour souligner les emprunts très malins de Masamichi Amano, le compositeur de Giant Robo, au grand répertoire de la musique classique, notamment aux partitions de trois de ses très illustres représentants : Dmitri Chostakovitch, Hector Berlioz et Gaetano Donizetti.
Dans la chronique tournant autour du lien entre le monde de Leiji Matsumoto et la musique de Richard Wagner, j’abordai le travail de deux compositeurs, Kaoru Wada et Katsuo Ohno, qui résumait efficacement deux façons de composer avec l’utilisation du grand répertoire de la musique classique pour le grand ou le petit écran :
Soit reprendre telle quelle, une musique de ce vaste champ des possibles en y apportant au mieux de sensibles retouches pour coller à l’image, en laissant donc l’identité du morceau largement préservée…
soit en réécrivant une partition à partir de la citation d’un thème très connu pour digresser après sur sa propre composition.
Sur fond, désormais, de Shangai ni Otsu de Masamichi Amano qui sert habituellement de générique à une certaine chronique sur RVR, succédant donc à sa référence, le mouvement Allegro non troppo de la 5eme symphonie de Dmitri Chostakovitch, une partition de l’éminente figure russe datant de 1937 , on se rend compte qu’à ces deux façons, Amano en rajoute une troisième, la contrefaçon, dans, blague à part, de formidables mises en pratique de la définition du pastiche telle que me la rapportait un ami : « le pastiche est l’hommage du talent fait au génie ».
Et en effet, plus d’une fois dans Giant Robo, Amano va emprunter l’un de ces chemins avec un mélange savoureux de pertinence et d’impertinence, maintenant, la citation, les quelques notes lugubres que vous avez écouté avant que je reprenne la parole appartenant au chant Dies Irae, jour de colère en latin, citation reprise également avec merveille par Hector Berlioz dans le 5eme mouvement de sa symphonie fantastique, songe d’une nuit de Sabbat.
Pastiche, citations et… variations donc, des variations que Masamichi Amano a faites nombreuses et généreuses, dans des styles bien différents et bien définis, balayant plusieurs façons de faire d’époques différentes, avec comme sujet principal des créations personnelles, que l’on abordera dans les épisodes futurs de Giant Robo, mais surtout donc, des emprunts au répertoire de la musique classique en général.
Et dans l’idée je vais vous laisser avec la plus belle récupération du genre dont Masamichi Amano a fait preuve pour Giant Robo, Una furtiva Lagrima, musique issue de l’opéra L’élisire d’Amore de Gaetano Donizetti crée en 1832, D’abord Hitoshirenu Namida, variation mélancolique de ce thème superbe puis sa réorchestration originale (à ce qu’il me semble) complète par les soins du compositeur japonais, interprété par l’orchestre philharmonique de Varsovie, qui a enregistré toute la musique de Giant Robo.
Je finirai juste par le fait aussi amusant qu’admirable, que cet air, habillant dans l’œuvre originale le dernier acte d’un récit habité avant tout à ce qu’il me semble aussi, par des ressorts légers et comiques, fonctionne à merveille pour illustrer dans l’exotique GiantRobo la tragédie de Barshtale, qui dans l’histoire de cet animé monumental, est la cause de la mort d’un bon tiers de l’humanité.
C’était Hitoshirenu Namida de Masamichi Amano suivie de son inspiration, Una furtiva Lagrima, musique issue de l’opéra L’élisire d’Amore de Gaetano Donizetti crée en 1832, pour la série animée de 1992 Giant Robo, réalisée par Yasuhiro Imagawa, interprétée par l’orchestre philharmonique de Varsovie, qui enregistrera toute la bande son de Giant Robo, avec le compositeur de la série Giant Robo, Masamichi Amano, à la baguette.
Voilà pour cette deuxième irruption dans l’aspect sonore de l’incroyable série Giant Robo version 1992. Il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores, l’ami Teddy pour les traductions, ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes.
Et maintenant en guise d’au revoir, hors contexte et sans prévenir, place aux larrons incontrôlables qui se sont chargés du doublage de la série Ken le Survivant, et des milles facéties qu’ils ont glissés dans cette œuvre qui n’en demandait pas tant, avec ce rapport si particulier au bon goût et au bon sens qui leur sied à merveille…