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Bonsoir et bienvenue dans cet épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui, sixième volet de nos épisodes consacrées au formidable monde musical entourant le créateur de Manga et réalisateur Leiji Matsumoto tout au long des dessins animés d’exception qu’il a contribué à créer, avec plus précisément au sommaire, le second de deux épisodes où nous nous pencherons sur une œuvre phare de maître Matsumoto : la série de 1982 waga seishun no Arcadia connue chez nous sous le nom d’Albator 84…
Car oui, je ne sais pas pour vous, mais si la version de 1978 supporte largement la comparaison, car différente et meilleure sur certains aspects, le fait d’être né à la fin des années 70 fait que la version d’Albator qui m’a le plus marquée, c’est celle de 1984. Albator et sa combinaison intégralement noire, son vaisseau avec la tête de mort gigantesque en guise de proue, le chara design de Kazuo Komatsubara qui envoie le charisme du pirate en des hauteurs insoupçonnées, et, en ce qui nous intéresse dans cette émission, les musiques éternelles du Grand Shunsuke Kikushi.
Shunsuke Kikushi, né le 1er Novembre 1931 et décédé en un triste 24 avril 2021 à l’âge de 89 ans est sûrement l’un des compositeurs de musique de flims et séries les plus écoutés en France, puisque c’est lui qui a signé entre autres toutes les bandes sons de quatre incontournables de l’animation japonaise en nos latitudes : Goldorak, Dragon Ball, Dragon Ball Z, et donc la série Albator 84 qui nous intéresse aujourd’hui.
Vous le constaterez sûrement de vous même si vous avez écouté les chroniques précédentes et que vous les comparez à celle-ci : Kikushi se démarque de ses confrères par un goût certain pour l’économie, la sobriété, un esprit de synthèse immédiat. Quand Osamu Shoji, Nozomi Aoki, ou surtout Hiroshi Miyagawa, pour citer peut-être les plus généreux d’entre ces noms prestigieux évoqués précédemment, vont s’évertuer à s’affranchir de toutes contraintes ou limites pour donner à leur travail toujours plus de richesse, de baroque et d’élan , Shunsuke Kikushi joue un tout autre style de partition, avec une recherche constante de dépouillement, d’efficacité avec un minimum de moyens engagés… less is more comme le résument si bien les anglophones.
Résultat, des partitions parfois pas plus longues que des sonneries de portable, leur persistance dans notre cœur et nos oreilles, étant tout autre.
Si toute sa production, colossale, est plutôt hétérogène, il est un fait heureux que ses musiques étant parvenues à nos oreilles occidentales constituent parmi son meilleur travail, et légitiment largement sa place au panthéon des tout meilleurs compositeurs de musique de films et séries d’animation japonaise.
Kikushi, à l’instar d’un Ennio Morricone, dont le japonais semblait apparemment admirer le travail, c’est TOUT DE SUITE. En trois notes on est dedans, l’immersion est immédiate, la signature, évidente. Si, dans le contexte d’une science fiction à la Leiji Matsumoto, certains de ses compatriotes se sont d’avantage illustrés dans l’évocation de l’espace, du néant, du futur… Kikushi sait comme personne habiller le drame, l’implacable, le destin maudit, tout comme relever l’innocence, la naïveté de certains moments touchants.
En attendant d’en croiser plus d’exemples lors de futures épisodes de CNIQN qui lui seront bien entendu dédié, en voici deux démonstrations, je l’espère assez convaincantes, avec pour le côté touchant, La Balade d’Albator, une variation du générique de fin de la série, suivi pour le côté implacable par Affrontement.
La Balade d’Albator, Suivi de Affrontement, deux compositions de Shunsuke Kikushi, pour la série Albator 84, réalisée par Tomoharu Katsumata et Masamitsu Sasaki.
Voilà pour cette sixième incursion dans l’aspect sonore du monde foisonnant de Leiji Matsumoto, il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes.
Et comme dirait maintenant le mythique Jean Topart à la fin de chaque épisode des Cités d’Or : Au revoir, à bientôt…