Pour écouter la chronique, cliquez ici.
Bonsoir et bienvenue sur RVR dans ce nouvel épisode de ça n’intéresse que nous, une chronique qui entend proposer lors de chaque volet un survol du vaste éventail des musiques de dessin animé et jeu vidéo avant tout nippon, suivant un support, un compositeur ou un thème par épisode.
Aujourd’hui c’est grave, aujourd’hui c’est la misère, aujourd’hui on est dans l’adversité crasse bien comme il faut, coups bas, amertume et leçons de vie bien pourries garanties avec, au bout du tunnel une lumière bien singulière, le ring de boxe . Aujourd’hui, premier de deux épisodes sur les musiques d’un monument de l’animation japonaise méconnu en occident, Ashita no Joe, une série animée de 1970, puis sa suite en 1980, adaptation du manga éponyme dessiné de 68 à 73 par Tetsuya Chiba, scenarisé par Asao Takamori.
Alors, comme souvent, je n’ai pas vu un seul épisode de Ashita no Joe, mais comme souvent la presse spécialisée en parlera mieux que moi, notamment le fantastique hors-série sur Akira de la revue Rockyrama, qui, en s’intéressant au parcours de la figure fictionnelle du jeune rebelle en général à travers les âges pour aboutir à celles des protagonistes principaux d’Akira, Kaneda et Testuo, passe par Joe Yabuki, le Joe de Ashita no Joe.
Il y a deux choses qui, en un enchaînement dévastateur, nous renseignent sur le fait qu’on est pas chez les bisounours :
Tout d’abord le Duo qui gère les séries de 1970 et de 1980, au trait et à l’animation prompt au drame et à la mort , composé de ces héros de notre enfance que sont Osamu Dezaki et Akio Sugino, également derrière la série animée Rémi sans Famille entre autres, vous savez, ce truc très très beau et horriblement triste, qu’on n’infligera plus jamais à nous et à notre entourage, reflet dommageable peut-être, ou pas, de notre capacité actuelle à pouvoir largement choisir la programmation de ce qu’on va voir ou écouter.
L’autre chose, c’est ce qui n’intéresse que nous, la musique créée ici par Masao Yagi, compositeur né en 1932, décédé en 1991 à 58 ans, répandant l’atmosphère parfaitement adaptée au propos dramatique et bagarreur du récit et emprunt des sonorités d’une époque qu’enfin, même moi, suit trop jeune pour avoir connue.
Parce que oui, comme le Joe Yabuki, c’est un irrévérencieux, un écorché de la vie, et surtout, un jeune, Masao Yagi va fort pertinemment créer toute une bande son évoquant une chienne de vie de miséreux, un doigt d’honneur à tout ce que le sort nous fait traverser, le courage et la résilience des humbles qui n’ont que leurs poings où leur cœur pour rester à flot, quelques moments emprunts d’une certaine légèreté, quand même, et bien sûr une certaine idée du combat de boxe et de la bagarre.
Exception faite de la monumentale bande son contemporaine de Space Battleship Yamato qui déboulera 4 ans plus tard, voilà de nombreuses pistes largement au dessus du tout venant de l’époque, plutôt courtes pour la plupart, comme un vrai échange réaliste de coups de poings, parfois sombres et crépusculaires, parfois enjouées et naïves, presque tout le temps dotées de cette fraîcheur propre aux tendances musicales de cette fin des sixties, début des seventies, singularisées également par un côté très épuré, minimaliste quant aux formations orchestrales dédiées à leur création.
De la fraîcheur, du minimalisme une débauche de talent façon Masao Yagi, en voilà un aperçu avec ce petit meteor, Kenka ya Joe, tatakai, Joe le bagarreur, une association basse batterie des plus stylées, suivie de l’angoissante et suspendue Uragiri to Shouri to, avec la trahison et la victoire, puis de Sachi, une dernière variation du thème léger qui avait traversé cet épisode auparavant.
Ce déferlement sauvage de début de session c’était Kenka ya Joe, tatakai, suivie de la presque LaloSchifrineuse Uragiri to Shouri to, suivie par la légère et enjouée Sachi, trois compositions de Masao Yagi pour la série animée de 1970 Ashita no Joe, réalisée par Osamu Dezaki.
Voilà, pour ce premier round sur la musique entourant Ashita No Joe, il me reste à remercier Philippe à la technique, Léa et Alexiel Bibine pour les extraits sonores, Teddy pour les traductions, ainsi que le magazine Animeland pour son encyclopédie exhaustive des animés, indispensable support technique pour la réalisation de ces épisodes.
Et maintenant en guise d’au revoir, hors contexte et sans prévenir, place aux larrons incontrôlables qui se sont chargés du doublage de la série Ken le Survivant, et des milles facéties qu’ils ont glissés dans cette œuvre qui n’en demandait pas tant, avec ce rapport si particulier au bon goût et au bon sens qui leur sied à merveille…